Bricoles

 

 

Jeux paralympiques

Les Jeux olympiques sont non seulement l’occasion pour les meilleurs athlètes du monde entier de s’affronter dans des joutes passionnantes, ils sont devenus, grâce à la télévision, un spectacle suivi par des millions d’amateurs.

Quand bien même le discobole, le coureur, le lanceur de javelot ou le nageur ne se présente plus nu sur le stade ou dans la piscine, le téléspectateur peut néanmoins admirer l’harmonie du corps, la beauté des lignes, et la perfection physique de la créature.

Rien de tel dans les Jeux paralympiques, spectacle répugnant qui met en scène des coureurs apodes, des handballeurs tétraplégiques, et, pire, des joueurs de rugby en fauteuil roulant, à la grande joie d’un public ignoble, le même sans doute qui s’amuse des matches de catch féminin dans la boue, des combats de chiens ou des lancers de nains.

Ni la femme à barbe ni l’athlète gravement handicapé ne gagnent un supplément de dignité à l’exhibition publique de leur infirmité. (cp)

 

Mauvaise éducation

Madame Anne-Sophie Gindroz, directrice de l’œuvre d’entraide suisse Helvetas au Laos, a été priée de faire ses malles par les autorités de Vientiane, après qu’elle eut envoyé une lettre à des donateurs potentiels, dans laquelle elle écrivait que le Laos est «un pays dirigé par un régime à parti unique où il n’y a que peu de place pour un débat démocratique sensé».

On ignore ce qu’entend la donzelle par un débat démocratique sensé; comme en Suisse, peut-être, par opposition aux débats démocratiques insensés que connaît notre grande voisine la France ou aux débats peu démocratiques d’Egypte ou d’Algérie?

En tout état de cause, il serait opportun que nos diplomates ou les représentants des œuvres charitables d’origine suisse en poste dans les capitales étrangères apprennent un minimum de savoir-vivre. (cp)

 

Exagération

Un écolier argovien d’Aarbourg âgé de onze ans a reçu le titre de Chevalier de la route, qui récompense des personnes dont le courage permet de sauver des usagers en détresse.

Elle était certes en détresse la pauvre cycliste blessée qui gisait au bord de la route empruntée par le jeune garçon pour rentrer de l’école. De là à voir un comportement  particulièrement courageux dans le fait que ce dernier – qui ne disposait apparemment pas d’un téléphone mobile, honte à ses parents! – s’est dépêché de rentrer chez lui pour appeler les secours avec l’aide de son grand frère, il y a un pas que je ne franchirai pas. Certes, l’enfant a bien réagi, bien agi et montré qu’il ne perdait pas la tête dans des circonstances difficiles, ce qui mérite des éloges. Mais il a fait ce que n’importe quel individu un tantinet responsable et point trop égoïste aurait fait à sa place.

Dans le même ordre d’idées, deux militaires ont évité à une jeune fille de se faire violer dans un train par un Somalien qui s’est laissé appréhender sans résistance. Tant mieux et bravo! Faut-il pour autant que l’armée déclare, par son porte-parole, que «nous allons parler de leur acte en haut lieu et leur montrer notre gratitude pour leur action courageuse»?

Notre époque produit vraiment des Jeanne d’Arc à la pelle et à peu de frais. (mp)

 

Changement dans la continuité (ou vice-versa!)

Naguère, en Egypte, il y avait un dictateur appelé Hosni Moubarak. Ensuite, il y a eu le printemps arabe et le dictateur a été congédié. Puis l’armée a exercé le pouvoir jusqu’à ce que soit mise en place ce que les optimistes démocrates béats nomment une «transition démocratique». Maintenant, il y a un nouveau dictateur appelé Mohamed Morsi, issu de la «transition démocratique». Ce nouveau dictateur veut faire adopter par référendum une constitution de tendance islamiste et avait en outre décidé que la justice ne pourrait plus contester ses décisions, ce qui lui donnait les pleins pouvoirs, le législatif ayant été dissous. Face aux manifestations populaires et aux grèves des tribunaux qui se sont ensuivies, le dictateur a insisté sur le caractère temporaire des pouvoirs élargis qu’il s’était octroyés – et auxquels il aurait renoncé depuis lors–, mais surtout, et cela rassurera tout le monde, en particulier les optimistes démocrates béats, il a appelé à un  «dialogue démocratique»; lequel,  pour l’instant, se déroule dans la rue entre factions antagonistes, avec morts et blessés, et devrait en bonne logique aboutir à une dictature islamiste avérée avec charia et autres joyeusetés. C’est ce qu’on appelle la continuité dans le changement (ou vice-versa!) (mp)

 

Barrières

Il paraît que les animateurs de jeunesse zuricois sont inquiets, car de nombreuses plaintes sont déposées dans leur canton contre des enfants et des jeunes trop bruyants. Ils estiment que les parcs, places de jeu et autres halls de gares sont des lieux dans lesquels les enfants et les adolescents ont l’occasion «de devenir responsables et de saisir les limites et les barrières fixées par la société», ce qui leur inculquera la «compréhension de la vie démocratique et en commun».

Nous ne saurions assez conseiller aux vieux grincheux qui  ne supportent ni les cris des enfant réunis autour d’une caisse à sable ou au sommet d’un toboggan, ni les bousculades et les rires benêts de l’âge ingrat de fuir parcs et places de jeu. Quant au brouhaha des halls de gares, on ne voit pas très bien ce qu’il vient faire dans l’histoire, car il n’est certainement pas imputable aux seuls enfants et adolescents.

Cela dit, les animateurs de jeunesse zuricois déparlent: ce n’est pas la fréquentation des parcs, places de jeu et autres halls de gares qui est susceptible d’apprendre aux enfants et adolescents les règles de la vie en commun, mais bien l’éducation préalablement dispensée par les parents, lesquels, s’ils sont réellement soucieux du bon comportement de leurs enfants s’abstiendront soigneusement de leur inculquer la «compréhension de la vie démocratique», notion tout juste propre à renverser les «barrières fixées par la société» (mp)

 

Cet article a été vu 3374 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions