Déchets
Un certain nombre de Lausannois font de la résistance à la «taxe au sac» introduite le 1er janvier. Entendez par là que ces «terroristes» d’un nouveau genre continuent à déposer sur le trottoir des sacs poubelles noirs contenant tout et n’importe quoi au lieu d’utiliser les onéreux sacs blancs et verts, symboles de pureté écologique, ce qui signifie qu’ils refusent à la fois de trier leurs déchets et d’en payer le prix. Voilà qui est certes fort éloigné d’un comportement citoyen respectueux des valeurs républicaines.
La Municipalité tempête, menace, dénonce, et dépense beaucoup d’argent en heures supplémentaires pour faire fouiller les sacs litigieux en vue de dépister les «fraudeurs». Il semblerait qu’elle va même abandonner dans la rue les sacs non conformes, puisqu’elle a fait procéder, dans la soirée du vendredi 25 janvier, à un dernier ramassage des déchets interdits. Bonjour les odeurs et la saleté!
Je ne suis pas opposée au système du tri des déchets par la population. Je le pratique moi-même avec beaucoup de zèle. Mais il me semble que, avant de faire payer à tous les Lausannois les nuisances dues à quelques-uns; avant de se lancer dans des mesures punitives ou, au contraire, informatives et éducatives forcément coûteuses, la Municipalité ferait bien de se demander si la formule qu’elle a choisie ne présente pas quelque défaut de conception.
On peut craindre, en particulier, que les nouveaux sacs payés à prix d’or ne se remplissent presque aussi vite que les anciens, puisqu’ils sont destinés aux déchets alimentaires cuits, aux berlingots vides, au carton avec film plastique, aux luminaires (!), aux couches culottes et autres ordures assimilables et, sans doute, à toute une série de produits non catalogués par l’«abécédaire du tri» qu’on a fort aimablement fourni aux «pollueurs payeurs». Quant à l’obligation de déposer toutes sortes d’objets directement dans les déchetteries fixes ou mobiles ou dans les points de vente, elle ne tient pas compte des difficultés que cela peut représenter, notamment pour les gens qui ne possèdent pas de voiture et les «personnes à mobilité réduite».
La grogne est dès lors compréhensible.
La gestion des déchets par l’impôt est interdite par une loi fédérale – un grand merci à Berne! Mais il faudra que la Commune de Lausanne revoie sa copie si elle ne veut pas que notre belle ville se transforme elle-même en poubelle au nom de la protection de l’environnement.
Mariette Paschoud
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