Editorial

La Fédération des enseignants alémaniques s’oppose à l’apprentissage d’une deuxième langue «étrangère» dans le programme de l’école primaire. Dans un éditorial du 23 novembre, le rédacteur en chef de 24 heures estime qu’il s’agit d’une attaque masquée contre l’enseignement du français. Pourquoi masquée? L’intention est claire et l’arrogance zuricoise permanente.

Mais les Romands qui découvrent soudainement le peu de cas que nos confédérés font de la minorité welche, dans le choix des hauts fonctionnaires, dans l’attribution des crédits prioritaires pour les grands axes routiers ou ferroviaires, dans l’édition des journaux ou l’enseignement, se réveillent un peu tard.

La centralisation a la cote et le fédéralisme est souvent considéré comme un frein au progrès ou à l’efficacité. Partout on cherche à unifier – pour ne pas heurter les fédéralistes de front, on dira: harmoniser –, car il serait injuste qu’un contribuable paie moins d’impôts dans un canton que dans un autre, inadmissible que l’accès à l’école enfantine n’ait pas lieu en même temps dans toute la Suisse et déplorable que tous les petits Helvètes ne sachent pas l’anglais à la fin de leur scolarité obligatoire.

Nous avons vécu à une époque où l’instituteur primaire avait la mission d’enseigner les fondamentaux: lire, écrire, compter. A l’école secondaire on apprenait d’abord le latin, puis l’allemand, puis l’anglais ou le grec. Les enfants d’aujourd’hui sont-ils mieux préparés à affronter leur siècle si le latin et le grec ont été remplacés par l’informatique et l’éducation sexuelle, et si la majorité des adolescents sont incapables de dire lequel, de Charlemagne ou de Napoléon, est né le premier?

Dans le canton de Vaud, les instituteurs qui ont largement soutenu Mme Anne-Catherine Lyon et les mensonges éhontés qu’elle a diffusés pendant la campagne se retrouvent aujourd’hui confrontés à des difficultés considérables dans l’application de la LEO. Que n’ont-ils voté pour «Ecole 2010»? Ils paient aujourd’hui leur aveuglement et la sottise de leur inamovible président.

Les réformes scolaires obéissent à la loi du cliquet. On tourne la manivelle dans un seul sens et il n’est jamais possible de revenir en arrière. Si les résultats d’une réforme sont catastrophiques, c’est qu’on n’est pas encore allé assez loin.

Dans peu d’années, on ne parlera que deux langues dans l’administration fédérale, et par capillarité dans les administrations cantonales, même en Suisse occidentale: le züritütsch et l’anglais. Et quelques années plus tard, lorsque la Suisse aura rejoint l’Union européenne et que le taux de TVA aura passé à 18 %, on se demandera pourquoi les trois parties principales de la Suisse ne pourraient pas intégrer, pour simplifier, l’Allemagne, la France et l’Italie.

Claude Paschoud

 

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