Bricoles

Une loi stupide de plus

On nous annonce que «Berne déclare la guerre aux pubs pour cigarettes» et qu'un projet de loi a été déposé à cet effet. La publicité des marchands de poison devrait être  bannie «des journaux, des magazines, des affiches et des cinémas».

La ligue pulmonaire est toute ravie de cette mesure «qui contribue à ne pas inciter les adolescents à fumer» – ah! qu'en termes galants ces choses-là sont mises. Elle serait sans doute encore bien plus contente si le Conseil fédéral, dans son incommensurable sagesse, n'avait prévu quelques exceptions: les fabricants de cigarettes pourront continuer à financer à des fins publicitaires les festivals en plein air ou les soirées culturelles, sous réserve des «manifestations à caractère international». Pourquoi cette discrimination? On ne daigne pas nous l'expliquer.

Le plus probable est que le Conseil fédéral essaie de satisfaire à la fois le lobby anti-tabac et celui des fabricants de cigarettes. C'est tout à fait son style, mais ce n'est pas possible. Il doit choisir, en matière de publicité pour le tabac, entre l'autorisation générale et l'interdiction complète, entre la liberté et le totalitarisme. Le second choix serait regrettable, mais il aurait au moins le mérite de montrer que les gens qui  prétendent nous gouverner à Berne savent de temps à autre ce qu'ils veulent et sont occasionnellement capables de manifester un certain courage.

Cela dit, n'y a-t-il pas plus urgent?

Sécurité présidentielle

Les visites amoureuses à scooter de l'infidèle François Hollande à sa nouvelle maîtresse ont fait couler beaucoup d'encre, mais il ne semble pas que quiconque ait été véritablement choqué par le comportement du président, qui se devrait pourtant, ne serait-ce que par égard pour ses électeurs, de mener une vie impeccable au moins pendant son mandat.

Ce qui a suscité les hauts cris du monde médiatique et politique, c'est que durant les escapades du chef de l'Etat sa sécurité n'a été assurée que par un seul garde du corps, situation qui, évidemment, risquait de mettre en péril la précieuse vie présidentielle et, partant, la République tout entière!

Mais on ne voit pas comment Monsieur Hollande aurait pu tenter de protéger sa vie privée, à laquelle il tient tant, s'il avait été accompagné d'une armée de gorilles. En fait, l'unique garde du corps était déjà de trop.

D'ailleurs, qui, au sein de la population de l'Hexagone, se soucie de la sécurité de l'actuel président de la République?

Légères blessures

L'«homme d'affaires» – quoi qu'on pense des journalistes, on doit leur reconnaître le sens de l'euphémisme! – Bernard Tapie, qui semble avoir désormais la fibre écologique, a été victime d'un accident de vélo électrique. Il aurait été renversé par une voiture après avoir grillé un feu rouge comme tout cycliste qui se respecte.

Afin de calmer les angoisses du bon peuple dévoré d'inquiétude, le communiqué de presse qui relate cet événement d'importance mondiale nous apprend que l'intègre ancien patron de l'Olympique de Marseille a été hospitalisé mais que son pronostic vital n'est pas engagé. On s'en serait douté, puisque notre homme ne souffre que de blessures légères aux jambes…

Au fait, à la suite d'une chute, j'ai souffert récemment d'une légère blessure à la jambe droite. La presse n'en a pas parlé. Je me demande bien pourquoi.

Puristes?

Un centre commercial lausannois a été cambriolé à la mi-janvier. Les voleurs ont notamment cassé plusieurs vitrines.

Sans doute ces délinquants appartenaient-ils à l'association Défense du français et ont-ils été incommodés par les écriteaux «Sale» qu'une direction anglophone avait fait apposer sur les vitres pour signaler une période de soldes; à moins que, bêtement ignorants, ils n'aient voulu procéder à un nettoyage expéditif.

Comme les coupables ont pris la poudre d'escampette, on ne connaîtra jamais la réponse à cette question cruciale.

Beau monde

Un comptable indélicat a été récemment condamné à quinze mois de prison ferme par le Tribunal pénal de Lucerne. C'est une lourde peine, mais l'homme avait un casier judiciaire plus très vierge.

Pour résumer, ce «gestionnaire de fortune» s'était approprié une importante somme d'argent appartenant à un «client» parti pour la Thaïlande en 2003, et qu'il avait choisi, faute de nouvelles, de croire victime du tsunami de 2004. Las, le mort ne l'était pas et a eu le mauvais goût de venir réclamer ses sous puis de porter plainte contre le voleur.

Il est bien décevant d'être trompé par un ami en qui on avait toute confiance. Et c'était le cas: les deux hommes s'étaient connus en prison où la victime de l'escroc purgeait une peine pour détournement de fonds!

Progrès

Suite au meurtre de la jeune socio-thérapeute genevoise Adeline par un «patient», le centre de la Pâquerette de Champ-Dollon a été fermé et la sociothérapie, à laquelle  on devait ce franc succès, abandonnée. Une unité de quinze places située dans un nouveau centre pénitentiaire pour détenus dangereux nommé Curabilis – tout un programme d'un bel optimisme – s'occupera de la resocialisation des délinquants, curables évidemment, en recourant à la… sociothérapie! Mais, bien entendu, «le programme sera bien mieux observé qu'auparavant» et les autorisations de sortie «devraient (…) être durcies et mieux contrôlées». Bref, tout le monde s'est trompé sur toute la ligne, mais la méthode de réinsertion, qui est pourtant la première responsable du désastre,  doit continuer à s'appliquer.

D'ailleurs que faire d'autre, puisque, comme le remarque candidement le conseiller d'Etat  genevois Mauro Poggia, «la prison à vie n'existe pas».

En voilà un qui a tout compris. Encore un petit effort et il se demandera si on ne pourrait pas faire en sorte que la prison à vie existe.

M.P.

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