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La fondation Giannada a mis sur pied, en collaboration avec le British Museum, une exposition intitulée La beauté du corps dans l’Antiquité grecque. Cette exposition remarquable peut être vue jusqu’au 9 juin.
Pour l’essentiel, les œuvres exposées sont de deux sortes: statues, généralement copies romaines de bronzes grecs, et vases de la céramique attique des VIe et Ve siècles.
Si l’on excepte une de ces idoles cycladiques du IIIe millénaire, toujours émouvantes, il est intéressant de voir comment, en quelque sorte, la vie vient aux statues. Les VIIe et VIe siècles produisent des kouroi et des korai, statuettes ou statues respectivement de jeunes hommes représentés nus et de femmes vêtues, dressés en une position hiératique, cheveux longs se répartissant en trois mèches torsadées sur chaque épaule. Au fil du VIe siècle, ces statues s’animent, timidement d’abord, avec un pied plus en avant que l’autre, un avant-bras qui se détache du corps, jusqu’aux Ve et IVe siècles, acmé de la statuaire grecque, où l’anatomie est rendue avec une précision parfaite, où le corps a été saisi dans un instantané de son mouvement, comme en témoignent le Discobole, le Diadumène et l’Aphrodite de Cnide. La perfection de ces œuvres est telle que ni les Romains ni la Renaissance ni le XIXe siècle n’ont pu faire autre chose que les imiter.
Les vases sont groupés par thèmes. Une part importante est faite aux athlètes. A Athènes, le parangon de l’homme de bien, le kalos kagathos, est à la fois «beau et bien». Pour être beau, un jeune homme doit cultiver son corps, l’entraîner. Il dispose, pour ce faire, de gymnases et de palestres, d’entraîneurs. A l’exception des adeptes de lutte libre et de boxe, volontiers ventrus ou outrageusement musculeux, les athlètes représentés sont beaux. Cette beauté attirait d’ailleurs dans les palestres les hommes dans la fleur de l’âge, qui tentaient de faire plus qu’admirer, si entente, la perfection des jeunes corps.
Héraclès, le héros grec par excellence, est à sa manière un athlète confirmé. On lui attribuait même la gloire d’avoir créé les jeux d’Olympie. Il est à sa place dans l’exposition.
Remarquons aussi qu’il manque un pan entier de la production artistique grecque: la peinture, la «grande peinture», telle que Pausanias pouvait encore la voir dans la pinacothèque de l’Acropole d’Athènes. Tout pourtant n’est pas perdu: elle a inspiré bien des peintres et mosaïstes de Pompéi et, sans doute, les modestes décorateurs des vases attiques.
Dans l’ensemble, force est de constater que l’homme a la part belle dans les pièces exposées, au détriment de la femme. Ce n’est que le fidèle reflet de la société athénienne antique, où la femme mariée était confinée au gynécée et où seules étaient visibles ou fréquentées les esclaves ou les hétaïres. La présence féminine dans l’art grec est due surtout aux déesses.
C’est sans doute un truisme de dire que le rôle d’un artiste est d’exalter la beauté. Certes, il ne manque pas, en sculpture comme en peinture, de satyres bien laids ou de pitoyables vieillards, mais le fait est que l’art grec est celui qui y est le mieux parvenu. Sur beaucoup de vases, les artistes ont écrit comme un témoignage de la beauté de leur œuvre: ê ho pais kalos, c’est-à-dire: Oh! le beau garçon!
Daniel Bassin
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