Lettre à un père indigne

Claude PaschoudLe Pamphlet n° 436 Juillet 2014Article bonus du 13 juillet 2014

Cher Omar,

Je veux croire que vous avez été obligé de quitter la Syrie à cause de la guerre sanglante menée par les rebelles contre le régime du président Bachar El Assad.  Quitter son pays avec un enfant de deux ans et une épouse enceinte de sept mois n'a pas dû être une décision facile. J'ignore comment vous êtes parvenus en Italie, pays sûr, où vous aviez le devoir de requérir l'asile.

Vous avez néanmoins pris le risque insensé de vous embarquer en train à Milan, avec une épouse qui vivait une grossesse à risques,  dans l'espoir de rejoindre Paris, sachant que vous n'étiez autorisés ni à pénétrer en France sans visa ni même à transiter par la Suisse. En pénétrant sur notre territoire sans autorisation, vous avez violé les lois suisses et vous risquiez une peine privative de liberté d'un an au plus (art. 115 LEtr).

Refoulés à Vallorbe par les gardes-frontières français, vous avez dû retourner en Italie (que vous n'auriez jamais dû quitter, compte tenu de la grossesse de votre épouse) et vous avez malheureusement perdu l'enfant qu'elle portait.

On ne peut exclure que les gardes-frontière suisses aient sous-estimés les risques que couraient votre femme et le bébé qu'elle portait, et qu'ils n'aient pas pris à temps les mesures indispensables.

Mais lorsque je lis que vous vous répandez en imprécations contre mon pays, en publiant: «La Suisse a la mort de ma fille sur la conscience», je ne peux m'empêcher de protester avec vigueur!

C'est principalement vous qui êtes responsable de la mort de votre enfant. Il fallait être un crétin intégral pour imposer à sa famille, notamment à sa femme enceinte, de quitter Milan où vous étiez en sécurité pour un voyage de presque 1000 kilomètres, et le franchissement illégal de deux frontières.

C'est vous qui mériteriez, si vous n'étiez pas suffisamment puni par les résultats navrants de votre sottise, d'être traîné devant les tribunaux pour mise en danger de la vie d'autrui, éventuellement homicide par négligence!

Quand on est aussi stupide que vous, cher Omar, on baisse le ton et on essaie de se faire oublier!

Claude Paschoud

Source: www.claude-paschoud.ch/blog/

Thèmes associés: Humeur

Cet article a été vu 3335 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions