La mort d'un otage

Claude PaschoudLe Pamphlet n° 437 Septembre 2014Article bonus du 1er octobre 2014

La France est «submergée d'émotion», nous dit-on, après le meurtre de M. Hervé Gourdel, enlevé et décapité par un groupuscule algérien disciple de l'Etat islamique.

Cela fait pourtant plus de deux cents ans que les responsables de l'Education nationale, des différents ministres jusqu'à l'humble instituteur de campagne, chantent les louanges de la Révolution et les mérites de Danton, Robespierre et autres Marat, les vertus de la guillotine et la gloire des assassins régicides.

Les 100'000 victimes de la Terreur étaient-elles plus coupables que le malheureux alpiniste français, «mort parce qu'il était Français» comme l'a dit François Hollande depuis New York?

Les deux mille Palestiniens morts sous les missiles d'Israël dans la bande de Gaza n'ont pas eu le privilège de submerger d'émotion le personnel politique, pas plus que les milliers d'enfants d'Irak morts sous les bombes américaines ou les centaines de victimes du conflit balkanique. Il est vrai que les victimes, en ces occurrences, n'ont pas été décapitées, mais seulement déchiquetées, ou brûlées vives comme l'avaient été les milliers de victimes civiles à Hiroshima et Nagasaki, à Dresde et à Hambourg à la fin de la dernière guerre.

Les nations occidentales civilisées ont tout fait pour faire assassiner Mouhamar Khadafi  et Saddam Hussein, pour favoriser la chute des autorités légitimes en Tunisie et en Egypte, pour déstabiliser le président syrien et pour instaurer un sogenannte Printemps arabe foyer d'insurrections et d'instabilité.

Elles se plaignent aujourd'hui que les combattants musulmans s'emparent d'otages et les exécutent. Il est évident que ces pratiques barbares vont continuer, principalement contre les ressortissants de pays, comme la France, qui prétend imposer avec arrogance sa philosophie au Mali, en Centre Afrique, en Syrie, en Irak et dans tout le Moyen Orient.

On compatit à la douleur des proches de MM. Foley, Sotloff, Haines et Gourdel. On n'est pas insensible à la douleur des familles irakiennes, palestiniennes, qui pleurent le meurtre d'une mère, d'un enfant, d'un vieillard innocents.

Les djihadistes d'aujourd'hui sont les émules des colonnes infernales du général Louis Marie Turreau en Vendée ou des brigadistes républicains pendant la Guerre d'Espagne, qui se faisaient une gloire d'égorger les prêtres et de violer les religieuses, ou encore des épurateurs en 1945.

On serait plus enclin à condamner les crimes des islamistes radicaux aujourd'hui si les atrocités d'hier et d'avant-hier n'étaient encore célébrées aujourd'hui comme des exemples à suivre de vertu républicaine.

Claude Paschoud

Source: www.claude-paschoud.ch/blog/

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