Editorial

On apprenait le jeudi 4 décembre qu'une famille argovienne de trois personnes avait reçu son congé et devait quitter son spacieux appartement de quatre pièces, propriété de la commune de Moosleerau, en mars 2015 au plus tard pour laisser la place à des demandeurs d'asile. En effet, la commune en question – un millier d'habitants –, fortement amendée par le canton d'Argovie parce qu'elle n'accueillait pas de requérants, n'a plus les moyens financiers de sa politique et doit donc se résoudre à une attitude plus «ouverte».

A la suite du tollé soulevé par cet événement, la commune a pu faire marche arrière grâce à un propriétaire du village qui a mis à disposition un appartement de quatre pièces propre à abriter les nouveaux venus imposés par le canton.

La commune de Moosleerau a-t-elle fait preuve de paresse dans la recherche d'un appartement pour ses nouveaux protégés? L'apparition miraculeuse d'un logement disponible pourrait le donner à penser, ce qui expliquerait que les locataires «sauvés» envisagent de déménager quand même pour ne pas se trouver prochainement dans une situation analogue. Quand on n'a plus confiance…

Quoi qu'il en soit, des événements de ce genre, anecdotiques mais soigneusement médiatisés, alimentent largement la prétendue xénophobie des populations, tout comme l'épisode, vaudois celui-là, de ce Kosovar de cinquante et un ans, récemment condamné pour violence, qui est au bénéfice d'un permis d'admission provisoire depuis vingt-quatre ans et vit avec sa famille aux crochets de la collectivité depuis des années sans qu'il ait été question jusqu'ici de renvoyer tout ce petit monde dans son pays d'origine plus ou moins pacifié.

La Suisse est certes un pays prospère, mais contrairement à ce que croient, dans les pays qui nous entourent, certains esprits schématiques et jaloux, les Suisses ne sont pas tous cousus d'or et ne possèdent pas tous des logements luxueux. Il ne manque pas de familles qui connaissent des fins de mois difficiles et trouver un appartement dans certaines régions relève de la quadrature du cercle. Que des gens en difficulté souhaitent être traités, sinon mieux que des gens venus d'ailleurs, du moins aussi bien ne procède pas d'une méchanceté foncière ni d'un racisme éhonté mais d'un simple besoin de justice.

Il y a des jours où on se dit qu'on devrait faire suivre aux politiciens et aux bonnes âmes qui œuvrent dans les services sociaux des cours de psychologie élémentaire.

Le Pamphlet

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