Les vrais chiffres du racisme

PolluxLe Pamphlet n° 440 Décembre 2014

A Ferguson, aux Etats-Unis, au mois d'août dernier, un policier blanc s'estimant menacé par un rappeur noir de 1 mètre 93 et de 132 kilos a tiré sur ce dernier et l'a tué. Il s'est ensuivi plusieurs jours d'émeutes et de pillages. Après qu'un jury a acquitté le policier en novembre, les violences ont repris, des immeubles ont été incendiés et des coups de feu ont été tirés contre les forces de l'ordre. Plusieurs faits similaires s'étant déroulés dans d'autres villes américaines, les émeutes ont gagné tout le pays et le monde entier s'est (re)mis à pointer du doigt le racisme aux Etats-Unis.

Les agences de presse russes, en particulier, s'en sont donné à cœur joie, avec un acharnement joyeusement rancunier; c'est de bonne guerre. Mais ce sont surtout les journalistes occidentaux qui se sont surpassés; ils ont rivalisé d'adjectifs romantico-tragiques; ils ont évoqué des vidéos «accablantes» pour la police; ils ont présenté avec déférence chaque détail accréditant la version officielle des insurgés, et étouffé ou ridiculisé celle des autorités.

Pourquoi tant de zèle? Par anti-américanisme primaire? Peut-être en partie, mais nous pensons que c'est surtout par prudence. Lorsqu'il est question de racisme, on ne prend jamais trop de précautions. De nos jours, n'importe qui peut très vite être accusé de racisme – et donc automatiquement condamné. Pour ne citer que deux cas récents survenus en Suisse, un policier saint-gallois qui, après s'être fait traiter de «cochon de nazi», avait répliqué «Turc de merde» a été condamné, et un élu UDC qui, après la décapitation par les terroristes islamistes de plusieurs ressortissants occidentaux, avait posté sur Facebook un commentaire hostile à l'islam a dû payer 9400 francs d'amende. Les individus qui taguent des commentaires irrespectueux sur la moindre des mosquées soulèvent des tempêtes d'indignation et sont activement recherchés – contrairement à ceux qui taguent des insultes sur des églises chrétiennes. La chasse aux racistes est encore bien plus redoutable pour monsieur et madame tout-le-monde que la législation Via Sicura ne l'est pour les automobilistes.

Songez que même Mimi Mathy a été récemment accusée de racisme! Rendez-vous compte: l'égérie des téléfilms moralisateurs, la figure de proue de la bien-pensance obligatoire, l'héroïne de la lutte contre les discriminations, que nous nous empressons de zapper dès que nous la voyons apparaître tout en bas de notre écran… Eh bien! même elle s'est retrouvée dénoncée parce qu'elle avait eu le malheur de croiser le chemin d'une (…) frustrée. On voit à quel point il faut faire attention à tout ce qu'on dit.

Cette dernière recommandation ne s'applique pas à la ministre «française» de la «justice» qui, elle, est de la bonne couleur politique. Connue pour sa maladresse – on l'a vue brandir devant des caméras des papiers qui prouvaient qu'elle mentait – mais aussi pour sa susceptibilité quant à ses origines – elle a fait condamner à neuf mois de prison ferme une femme qui l'avait comparée à un singe –, Mme Taubira, juste après le verdict de Ferguson, a rédigé un tweet hargneux à l'encontre de la police américaine. L'utilisation des réseaux sociaux par un ministre pour insulter des autorités étrangères constitue une innovation remarquable dans les mœurs diplomatiques délicates de la République.

En fait, la lutte contre le racisme justifie tous les excès, car le problème est d'une ampleur insoupçonnée. Faisons le point – en nous limitant aux seuls amalgames autorisés par la morale officielle: les policiers américains (environ 800'000) sont racistes; les Américains blancs (223 millions) sont racistes; les Européens (quelque chose comme 700 millions) sont racistes; les Asiatiques (4,3 milliards) ont eux aussi la réputation d'être un peu racistes – on a le droit de le dire car les militants antiracistes consacrent généralement peu d'énergie à défendre les Asiatiques, qu'ils n'aiment au fond pas beaucoup. Les populations d'Afrique ne sont officiellement pas racistes, même si elles n'aiment pas les Blancs, et on ne les compte donc pas. On peut en revanche ajouter les militants antiracistes, qui pratiquent une forme d'auto-racisme – en plus de ne pas aimer les Asiatiques. Au total – et en comptant Mimi Mathy – cela fait vraiment beaucoup de racistes dans le monde.

Dans un système strictement démocratique, il serait sans doute à craindre que ces derniers ne soient majoritaires. Heureusement, dans la hiérarchie du Sacré, la Démocratie est surclassée par la Morale, qui permet à une minorité éclairée d'imposer le Bien.

Pollux

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