Mariage pour personne

On peut toujours donner à la vérité le masque du mensonge et au mensonge le visage de la vérité. C'est un exercice auquel certains politiques, journalistes et autres intellectuels de gauche excellent. On peut croire aussi de bonne foi, influencé par les manipulateurs, que la vérité est mensonge et que le mensonge est vérité. Mais on ne peut pas empêcher la vérité d'être la vérité ni le mensonge d'être le mensonge.

De même, si on peut manipuler le sens des mots jusqu'à leur faire dire le contraire de leur signification première, celle-ci demeure pourtant.

Ainsi donc, si on peut prétendre que le mariage est simplement l'union de deux personnes qui s'aiment quel que soit leur «genre», il n'en reste pas moins que, dans toutes les sociétés en bonne santé, le mariage est l'union de personnes de sexe opposé, qui convolent, amour ou pas, pour faire des enfants et fonder une famille. C'est vrai aussi pour les unions polygames et les mariages arrangés. Et l'institution du mariage répond à la nécessité d'assurer à la famille une stabilité aussi grande que possible, pour le bien de tous, des enfants en particulier.

En bonne logique devraient être exclus du mariage tous les couples dont on sait d'avance qu'ils ne procréeront pas: les couples homosexuels, bien sûr, mais aussi tous ceux qui, pour des raisons bonnes ou mauvaises, refusent d'avoir des enfants. Le mariage devrait être réservé aux couples décidés à fonder une famille, l'adoption étant possible pour les couples mariés frappés de stérilité et ceux qui ont déjà des enfants. Quant à la procréation assistée, dont on fait si grand cas, en particulier chez les homosexuels revendicateurs, nos lecteurs savent que nous nous y opposons d'autant plus que des milliers d'enfants conçus, qui pourraient être adoptés à la naissance, périssent dans nos hôpitaux.

Bien entendu, cette façon de voir est tout sauf ce que réclament les progressistes égalitaristes qui «imaginent la famille moderne» et dont le Conseil fédéral et la plupart des partis politiques se déshonorent de faire partie – y compris le PDC, que sa récente reculade sur la définition du mariage couvre d'opprobre pour l'éternité.

Le gouvernement fédéral a récemment «[alimenté] (…) le débat sur la distinction entre le mariage et le partenariat enregistré» et rappelé que celui-ci «ne permet pas la procréation médicalement assistée, l'adoption ni la naturalisation facilitée». Il a ensuite déclaré que «le plus simple serait d'ouvrir le mariage aux homosexuels, comme le demande une initiative parlementaire des Verts'libéraux»1. Nous sommes avertis: le mariage, la procréation médicalement assistée et l'adoption seront ouverts aux homosexuels à brève échéance s'il ne tient qu'à nos tristes politiques. Ce sera tellement plus simple…

Dans ces conditions et puisque tout sera permis à tout le monde, nous pensons qu'il vaudrait mieux supprimer tout simplement le mariage. Les couples, homosexuels ou pas, désireux d'officialiser leur relation à la face du monde ou simplement de s'épargner des complications, n'auront qu'à signer devant notaire des contrats qui régleront les conditions de leur vie commune, les modes d'«acquisition» des enfants, les questions successorales et la durée de l'accord.

Chacun aura alors le loisir de porter ou non un anneau et d'appeler son cocontractant «copain/copine», «compagnon/compagne», «ami/amie», voire «mari/femme».

Pour les «grenouilles de bénitiers», l'Eglise distribuera généreusement des bénédictions sans échanges d'alliances ni engagements réciproques, ce qui, gros avantage, fera chuter le nombre des parjures.

Que du bonheur! Et tellement plus simple!

M.P.

1 20 minutes du 16 mars 2015, page 8.

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