Parricide

Comme il fallait s'y attendre, tout le personnel politique et médiatique de la France officielle est tombé à bras raccourcis sur Jean-Marie Le Pen après sa confirmation que les chambres à gaz n'étaient, à son avis, qu'un détail de la seconde guerre mondiale.

Ce qu'on attendait moins, c'est la débandade du Front national qui dévoile ainsi son véritable visage et sa vraie valeur.

Depuis son accession à la présidence, Marine Le Pen a tout fait pour acquérir une stature de présidente de la République potentielle, elle a donné des gages à tous les organismes de la bien-pensance, elle a rampé devant tous les lobbies, elle a léché les pieds des maîtres de toutes les officines, bref elle a voulu convaincre que son Rassemblement Bleu Marine, plus que le Front national, était un partenaire fiable, démocrate et républicain, prêt à gouverner.

Pour atteindre ce but ambitieux, il fallait tuer le père. Car le fondateur du FN s'est toujours obstiné à privilégier la vérité sur le conformisme, la franchise sur la prudence. Ses déclarations fracassantes sont le reflet de ses convictions et c'est pourquoi les larbins de la presse convenable, habitués à l'obséquiosité, les qualifient de «dérapages». Habitués à travestir leur pensée – lorsqu'ils en ont une – ils déraperaient s'ils disaient ce qu'ils pensent.

Cette fois-ci pourtant, le vieux lion a tort: les chambres à gaz homicides  ne sont pas un détail,  parce que, si elles ont réellement existé, elles sont la preuve d'une volonté exterminatrice dont la responsabilité incombe aux plus hautes instances du Reich. Et si elles n'ont jamais existé, comme le proclament et prétendent le démontrer le professeur Faurisson et ses disciples, elles ne sont pas un détail, mais un bobard, un mensonge, une légende, une mystification.

Même si le public en général est plus inquiet de son pouvoir d'achat que des controverses historiques, des menaces de chômage, de l'insécurité dans les Cités, des attentats djihadistes que du sort des grands-parents il y a septante ans, on ne fera pas encore longtemps l'économie d'une clarification de ces questions. On me dit que ces questions sont révolues, qu'on ne doit pas rester accroché au passé mais qu'il faut vivre le moment présent et regarder vers l'avenir. Mais toute la presse, la radio, la télévision, la littérature et les hommes politiques ne font que d'évoquer ces heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, et on diffuse de nouveau les mêmes navets insipides, et on court de commémoration en commémoration, on prononce des allocutions émouvantes après le dépôt des gerbes.

Marine Le Pen, dans sa stratégie de dédiabolisation, ne veut déplaire à personne. Elle doit donc exclure tout membre qui pourrait déplaire à quelqu'un. Un petit jeune homme avait cru bon de souhaiter réhabiliter le slogan «Travail, Famille, Patrie»: exclu! Un autre trouvait excessive la représentation des invertis dans les organes du FN: exclu! Et maintenant le fondateur du Front, s'exprimant librement, dit sa conviction: on va l'exclure.

Si elle ose exclure Jean-Marie Le Pen du Front national, son mouvement ne s'en remettra pas, car le Rassemblement Bleu Marine sera devenu un parti comme les autres, inféodé aux mêmes puissances visibles et occultes. La seule vertu dont il pouvait se prévaloir, celle de n'avoir jamais trempé dans les magouilles du pouvoir, devient un handicap car sa situation combine l'inexpérience et la volonté de se tailler une part du gâteau pour pouvoir s'enrichir comme les autres.

Dans ces conditions, autant voter pour Mélanchon!

Claude Paschoud

Thèmes associés: Politique française - Révisionnisme

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