Faux prophètes

«Prenez garde aux pseudo-prophètes qui viennent à vous sous le vêtement de la brebis, mais qui, à l'intérieur, sont des loups rapaces.»

Matt. VII, 15

Le samedi 9 avril 2016, en page 8, le Nouvelliste publiait un éloge significatif de l'Exhortation post-synodale sur la famille, de Bergoglio. Cet article portait la signature de l'abbé Michel Salamolard. «La joie de l'Evangile, c'est la joie de l'amour», écrit-il initialement pour signifier, en bref, le résumé de la vie chrétienne. La joie est pour tous… Première équivoque que je n'hésite pas à qualifier de satanique, car si, effectivement, la promesse du salut est universelle, cela ne signifie absolument pas que le salut effectif le soit aussi. Par conséquent, la joie et l'amour doivent être ordonnés, non pas comme l'homme l'entend indépendamment de la révélation divine, mais comme il doit les entendre à la lumière de cette révélation telle qu'interprétée et infailliblement transmise par la seule Eglise catholique romaine!

Taire ces conditions, c'est obscurcir la voie du bonheur promis aux hommes, à tous les hommes. Il y a donc dans cette seule déclaration un silence qualifié qui en pervertit la connaissance et l'annonce. Le loup déguisé en agneau…

Le mensonge ne tarde pas au demeurant: «Le chemin du pape n'est pas celui du permis et du défendu, mais celui de l'amour vécu.» Or  la vraie foi nous enseigne que le but du sage est d'arriver jusqu'à la vue de Dieu (Ecclésiastique VI, 23 ) par la voie de l'obéissance à un Dieu très saint (Ibid. IV, 15). Qui prétend aimer Dieu sans égard à ses commandements n'est qu'un menteur. L'abbé M. Salamolard le prouve à deux reprises et de manière absolument claire.

Mais auparavant, il convient d'évoquer trois épisodes relatés dans les Evangiles, qui établissent clairement que l'attention au vécu des personnes rencontrées par le Christ n'abolit pas, bien au contraire, la référence explicite au permis et au défendu:

1. La femme prise en flagrant délit d'adultère: elle est conduite de force au Christ par des hommes qui se servent d'elle non pour la juger personnellement mais pour compromettre le Christ lui-même, à qui ils l'amènent. Le Christ refuse cette instrumentalisation, mais – et là est le détail essentiel à notre propos –, libérée de ses accusateurs politiques, la femme reste auprès du Christ, l'évangile de saint Jean le note: «A ces mots, ils se retirèrent un à un, (…) et Jésus resta seul avec la femme, qui était toujours là1.» (Jean VIII, 9). Cette femme aurait pu fuir. Elle reste auprès du Christ, et c'est sans doute ce courage qui lui a valu son pardon, avec le rappel de la loi par le Christ: «Moi non plus je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus.» (Ibid. verset 11). Il est donc absolument indubitable qu'il y a un lien entre ce pardon et l'écoute, par la femme adultère, du rappel du commandement violé.

2. La Samaritaine: lorsque le Christ lui apprend que celui qui boira l'eau qu'il donnera n'aura plus jamais soif, elle manifeste son intérêt pour ce don. C'est alors que le Christ, répondant à sa demande, lui dit: «Va, appelle ton mari et reviens ici.» ( Jean IV, 16). Elle lui répond avec franchise: «Je n'ai pas de mari.» (Ibid. verset 17). Il s'agit là, de la part du Christ, d'une mise à l'épreuve: l'intérêt pour le don de la grâce ne suffit pas. Il est nécessaire de ne pas tricher avec la loi. La Samaritaine n'a pas triché.

 3. La triple demande du Christ ressuscité à Pierre, destinée à le confirmer dans sa fonction de chef du collège apostolique, évidemment liée au triple reniement de Pierre au début de la Passion.

On déduira de ces trois exemples que toute profession d'amour de Dieu ne saurait jamais se concilier avec la violation, sans repentir effectif, d'aucun précepte du Décalogue.

Au regard de ces exigences fondamentales, et incontestablement évangéliques, voici deux propositions de l'abbé Michel Salamolard qui les contredisent ouvertement:

a) «Les divorcés remariés trouveront leur place et leur pleine intégration dans l'Eglise par l'approfondissement de leur expérience d'amour et de fidélité.»… Dans l'adultère? Cela s'appelle «la  pastorale du discernement et du dialogue». Il n'y a ni discernement ni dialogue sincère dès que la vérité sur l'état de ces personnes est sciemment passée sous silence. L'Evangile est clair: le pseudo-mariage civil après divorce, quand il y a eu, préalablement, un mariage religieux, n'est qu'un concubinage public et un adultère. Ceux qui sont dans cette situation ne sont pas hors de l'Eglise, mais, pécheurs publics, ils sont exclus des sacrements. Connaître ces choses relève de la connaissance élémentaire de la vraie foi.

b) «Les  personnes homosexuelles  sont aussi appelées à grandir dans la joie d'aimer. Celles qui vivent en couple comme les autres. Celles qui attendent du pape un permis d'aimer, le reçoivent bel et bien à travers l'Exhortation post-synodale.» Il suffit, pour apprécier cette proposition, de rappeler ce que dit saint Paul sur le sujet au chapitre 1, versets 26 et 27, de son épître aux Romains. Il y a donc là plus qu'une dénaturation de la foi chrétienne. L'abbé Michel Salamolard réalise à la lettre cette prédication concernant les précurseurs de l'Antéchrist: «Et il leur fut donné un pouvoir semblable à celui des scorpions.» (Apoc. IX, 3).

Michel de Preux

1 C'est moi qui souligne.

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