Lettre ouverte à M. Filippo Grandi, HCR

Monsieur le Haut-Commissaire,

Excellence,

Vous êtes un homme intelligent et cultivé. Titulaire d'une licence universitaire en histoire moderne et d'une licence en philosophie, vous avez en outre accumulé de nombreuses années d'expérience au HCR en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et au siège de l'organisation à Genève.

Vous devez donc avoir compris, peut-être même avant tout le monde, que les vagues de migrants qui déferlent actuellement en Europe n'ont aucune chance de s'y intégrer et qu'elles constituent même un risque important de désordre social et de catastrophe humanitaire.

On m'objectera que l'Europe a été le lieu de grandes invasions et qu'elle a survécu. Mais comme l'écrit pertinemment Hannibal dans le dernier numéro de Rivarol1:

Il a fallu plusieurs siècles de désordres et de heurts pour mêler les envahisseurs germains aux populations gallo-romaines, alors qu'ils étaient cousins et voisins. Les peuples qui envahissent l'Europe aujourd'hui, non seulement se pressent en bien plus grand nombre et en un laps de temps beaucoup plus court, mais s'opposent à ceux qu'ils envahissent par la race, par la langue, par les us, par les coutumes, par les croyances. Le long, pénible et cruel miracle qui devait mener notre continent aux heures lumineuses du Moyen Age, et qu'une foi commune permit, n'a donc strictement aucune chance de se produire dans l'Europe d'aujourd'hui.

Conscient du problème, le gouvernement autrichien a présenté le mardi 6 septembre un projet de décret qui prévoit la possibilité de refouler les migrants aux frontières sans leur offrir la faculté de déposer une demande d'asile. Cette disposition pourrait s'appliquer pendant une durée pouvant aller jusqu'à deux ans. Après avoir accueilli 90'000 demandeurs d'asile en 2015, soit plus de 1% de sa population, l'un des taux les plus élevés d'Europe, l'Autriche a plafonné à 37'500 le nombre de nouveaux migrants qu'elle est prête à accueillir cette année.

«Le décret d'urgence prévu briserait un tabou», avez-vous déclaré dans un communiqué publié à Vienne. L'organisation que vous dirigez craint que «d'autres pays européens ne suivent l'exemple de l'Autriche avec pour conséquence un accès toujours plus difficile à l'asile sur le continent».

Mais que faites-vous concrètement, Monsieur le Haut-Commissaire, Excellence, pour venir en aide à ceux qui fuient la guerre, sinon de déplorer que les gouvernements européens ferment leurs frontières les uns après les autres ou d'encourager les chrétiens européens à se montrer accueillants avec des envahisseurs dont le Livre sacré leur impose de nous égorger dès qu'ils le pourront? Vous disposez de dix mille collaborateurs et, en 2015, vous pouviez compter sur un budget de sept milliards de dollars américains. Qu'en faites-vous? Allez-vous cesser de pleurnicher?

Nommé au poste que vous occupez depuis le début de cette année, vous n'êtes évidemment pas entièrement responsable du marasme qui règne au sein de l'ONU et de ses satellites, parmi lesquels le Haut-Commissariat aux Réfugiés. Mais vous devez disposer d'une audience suffisante pour obliger les Etats «sûrs» d'Asie et d'Afrique à majorité musulmane d'accueillir, avec votre aide financière, leurs coreligionnaires fuyant la guerre ou les persécutions.

Croyez, Monsieur le Haut-Commissaire, Excellence, à ma haute considération.

Claude Paschoud

 

1 Rivarol, 19, avenue d'Italie, F-75013 Paris. Abonnement pour l'étranger: 126 € par an.

Thèmes associés: Immigration - Politique internationale

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