Dans la cour des grands

Le jeudi 9 juin, la Suisse a été élue par l'Assemblée générale des Nations unies membre non permanent, pour 2023 et 2024, de ce cercle prestigieux qu'est aux yeux de ses dirigeants le Conseil de sécurité de l'ONU.

Quelle belle promotion!

Naturellement, notre ineffable chef du Département des affaires étrangères, Ignazio Cassis, qui s'est rendu à New York pour l'occasion, a souligné que notre pays allait «travailler pour la paix et la sécurité». C'est la moindre des choses quand on prétend donner de la voix dans une organisation dont c'est précisément la mission première. Mais il y aura du pain sur la planche, compte tenu des innombrables échecs qu'a connus la colombe onusienne depuis son éclosion en 1945, et dont, apparemment, le président de la Confédération et ses collègues du Gouvernement n'ont jamais entendu parler.

Le Conseil fédéral y croit dur comme fer: «Neutralité, expérience en matière de dialogue et de recherche de consensus, savoir-faire et succès dans le domaine du règlement pacifique des différends: la Suisse possède des atouts certains pour exercer son mandat au sein du Conseil de sécurité de l'ONU.» C'est une belle et naïve profession de foi. Reste à la mettre en œuvre… La Suisse apprendra-t-elle à la cour des grands comment on s'y prend pour créer un monde de paix et de compréhension entre les peuples? Je n'en suis pas très sûre.

Je ne suis pas persuadée non plus que cette élection soit compatible avec une véritable neutralité – et pas seulement celle qui existe sur le papier et semble permettre toutes les interprétations. Je doute, par ailleurs, de l'empressement de la Chine et de la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité, à profiter avec enthousiasme des innombrables compétences de la Suisse en matière de paix, de sécurité et, bien sûr, de droits de l'homme. Toutes deux sont fâchées contre la Confédération, ce qui ne va pas favoriser une prise d'influence.

Il est fort probable que, durant son bref passage au Conseil de sécurité – deux ans, c'est court –, notre prétentieux pays qui, en tant que membre non permanent, ne disposera même pas du droit de veto, devra se contenter de mettre ses pas dans ceux des membres permanents «fréquentables», à savoir la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ce qui ne présage rien de bon pour la paix et la sécurité du monde.

Mariette Paschoud

 

1 https://www.20min.ch/fr/story/la-suisse-va-etre-elue-ce-jeudi-au-conseil-de-securite-de-lonu-747305014714

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