Greta Saga, deuxième épisode
Il y a quatre ans une adolescente secouait le monde bien-pensant et l’invectivait parce qu’il ne pensait pas assez bien, ni assez fort, ni assez vite. Dans un premier ouvrage1 Jean-Paul Oury, communicant et philosophe des sciences, expliquait comment elle procédait à un diagnostic biaisé de l’état de la planète en ignorant délibérément les principes et méthodes de la science pour développer un activisme radical au service d’une idéologie ne souffrant aucune critique, celle de la primauté de la question climatique sur toutes les autres préoccupations de l’humanité. Les grands de ce monde n’avaient qu’à s’incliner, ce qu’ils firent de manière abjecte et, nécessairement, hypocrite.
Dans le deuxième volume de cette saga2, Oury examine la suite, cette prise de pouvoir qui, paradoxalement après l’avoir dénigrée, s’opère «au nom de la science».
Il y aurait même LA science, bien sûr irréfutable, selon laquelle le monde devrait s’orienter et qui annonce la fin proche de notre civilisation sans un changement radical de nos modes de vie. Il identifie ainsi les climatocrates, les covidocrates, les biodiversitocrates, les collapsocrates ainsi que les algorithmocrates comme nouveaux dictateurs auxquels la société n’a pas d’autre choix que d’obéir.
Il attribue en partie ces nouveaux pouvoirs d’une part aux sentiments de peur qui sont instillés dans le public et à une haine de la science prométhéenne, celle qui donne à l’homme la capacité de se dépasser. Seul un «retour à la nature» saurait être moral.
Le dernier type de pouvoir qu’il identifie est un ajout intéressant aux quatre premières écolocraties. Par les algorithmes, un pouvoir reprend la main sur les sciences et la technique. Il se donne des outils pour enlever tout choix à l’individu, lui dicter sa conduite et contrôler ses comportements, par nutri-score interposé, impératif vaccinal, consigne de température pour le chauffage ou la douche, etc. Par le biais de paramètres qui semblent bénins et même utiles, c’est pourtant une différence fondamentale qu’Oury identifie, celle qui sépare une science ouverte et à la recherche du progrès d’un déterminisme pseudo-scientifique qui borne les horizons et réduit l’action humaine à des normes dûment contrôlées. Et comme ça ne fonctionne pas et se bute sur l’opiniâtreté de la réalité, il faut insister encore plus.
Avec les deux premiers volets de sa trilogie, Oury est arrivé au bout de la critique, du démontage et du débusquage de l’instrumentalisation de la science et des techniques au service d’idéologies de coercition. Il n’est pas le seul à le faire et cite abondamment les Pinker, Lomborg et autres Rosling qui se font mettre à l’index par des congrégations doctrinaires qui ne tolèrent ni l’exposition de faits contradictoires ni aucune hérésie politique. On ne peut que lui souhaiter d’être lui aussi stigmatisé ainsi, il le mérite bien.
Je me réjouis maintenant de lire son troisième volet car, après que la critique est exprimée, il faut passer aux propositions, aux solutions meilleures que les maux qui ont été abondamment décrits. Personne ne vote pour un climat trop chaud, ni pour des pollutions généralisées, ni pour l’oppression des peuples ou l’épuisement des ressources naturelles. Par quels moyens est-il possible de continuer d’améliorer la santé et la sûreté des gens et des écosystèmes sans prôner, une fois de plus, la régression et le dénuement? Comment donc dire non à l’écolocratie qui surfe sur ces problèmes? avec quelles chances de succès? La littérature est bien moins diserte à ce sujet car expliquer et défendre la complexité, demeurer humble et garder la raison est moins simple que créer de l’anxiété en agitant des épouvantails en guise de grandioses visions.
Au fait, Greta n’est-elle pas maintenant passée à l’âge adulte? Se réconciliera-t-elle avec Einstein?
Michel de Rougemont
1 Greta a tué Einstein. La science sacrifiée sur l’autel de l’écologisme. Jean Paul Oury.
VA Editions. 2020.
2 Greta a ressuscité Einstein. La science entre les mains d’apprentis dictateurs. Jean-Paul Oury.
VA Editions. 2022.
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