Editorial
Le 3 mars prochain, nous voterons sur deux initiatives liées à la problématique de l’AVS et plus généralement à celle des rentes de retraite.
Aujourd’hui, nous aborderons la première, issue des milieux de la gauche syndicale, qui propose le versement d’une treizième rente AVS à tous les retraités, ce qui équivaudrait à une augmentation de 8,3% des rentes et donc des dépenses.
S’il est vrai que ne toucher que l’AVS ne représente pas une somme suffisante pour vivre aisément, les arguments du comité d’initiative et de Pierre-Yves Maillard ne tiennent pas en ce qui concerne l’indexation des rentes, qu’ils prétendent insuffisante. Le président de l’Union Syndicale Suisse dit sur le site de l’initiative: «Avec les hausses de prix, les retraités perdent l’équivalent d’une rente mensuelle. C’est pourquoi nous avons besoin de la 13e rente AVS.» Néanmoins, selon le site de l’Office fédéral des assurances sociales, les rentes sont indexées sur un indice mixte qui correspond «à la moyenne de l’indice des salaires et de celui des prix». Or cet indice est généralement supérieur à l’indice des prix à la consommation seul, et avantage donc les rentiers.
La pyramide des âges nous montre que, durant les prochaines années, un grand nombre de «boomers» arriveront à l’âge qui leur donnera le droit de cesser de travailler. Si elle n’est pas compensée par une augmentation de l’âge de la retraite, de l’immigration ou de la natalité, cette sortie des nouveaux retraités du marché du travail va provoquer une baisse des recettes fiscales. Moins de salaires payés, moins d’impôts. Dans le même temps, les dépenses de l’AVS vont augmenter, ce qui laisse à penser que la pérennité financière de l’institution pourrait n’être pas assurée.
Trois choses me dérangent à propos de cette initiative: la première est que cette augmentation ne toucherait que les retraités, et pas les bénéficiaires de rentes AI ou de rentes d’orphelins. On se demande bien pourquoi. Les rentiers AI et les orphelins n’ont pas a priori des besoins moindres que les retraités. La seconde vient du fait que les sources de financement ne sont pas prévues. «Y’a qu’à...» augmenter les cotisations des employeurs, ou la TVA, et, de toute façon, il y a des excédents. La vision à long terme ne semble pas le fort des initiants. Finalement, je déplore que, comme toujours avec la gauche, cela soit le système de l’arrosoir. Quelle que soit la situation du retraité, il touchera cette manne, même s’il n’en a nul besoin. Or les personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts peuvent bénéficier d’une aide par le biais des prestations complémentaires. A voir si ces prestations devraient être étoffées.
L’AVS constitue la principale source de revenus pour les retraités ayant eu durant leur vie active des salaires bas. Les retraités de la classe moyenne ont en général un deuxième pilier qui leur assure le maintien d’un niveau de vie agréable. Une des solutions que je verrais d’un bon œil serait d’augmenter la part que représente la prévoyance individuelle dans la stratégie de maintien du niveau de vie.
En conclusion et pour résumer, je voterai Non à l’initiative, pour les défauts évoqués plus haut. Néanmoins, je souscris à la nécessité de garantir des revenus décents à tous les aînés qui ont travaillé toute leur vie, tout en assurant le financement à long terme des institutions chargées de cette délicate mission.
Nous verrons le mois prochain une proposition intéressante, qui constitue le second objet des votations fédérales du 2 mars.
Michel Paschoud
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