Editorial
Le 27 novembre, nous pouvions lire dans notre quotidien gratuit que le Conseil fédéral s’opposait à l’initiative de Christoph Blocher visant à inscrire la neutralité dans la Constitution et ne lui opposerait aucun contre-projet.
L’initiative lancée par l’UDC et Pro Suisse vise à enrayer la dérive délétère de la neutralité dans sa version molle, flexible, adaptable et finalement vide de sens de notre cher Ignazio Cassis, pour revenir à une neutralité intégrale.
Disons-le tout net, la neutralité ne peut pas être souple. Pour être crédible, elle doit être un principe inamovible, gravé dans le marbre et immunisé contre les effets de mode, les pressions et les envies de politiciens aux egos démesurés.
Notre pays n’est pas et ne sera jamais une grande puissance. Notre avis sur la scène internationale compte globalement pour rien et, tant que nos dirigeants n’auront pas accepté qu’ils sont des nains et ne sont pas payés pour aller donner des leçons aux autres nations, nous continuerons à nous ridiculiser régulièrement.
La Suisse est une anomalie par de nombreux aspects. Un pays qui compte quatre langues nationales et vingt-six Etats souverains, une prospérité insolente, une armée de milice et une démocratie semi-directe a de quoi étonner et agacer les dirigeants des nations alentour. Mais la Suisse suscite aussi beaucoup d’intérêt et d’admiration dans les populations de pays voisins, lassées d’être dirigées par des incapables, sans la moindre voix au chapitre sauf celle de choisir tous les quatre ou cinq ans entre la peste et le choléra lors des élections aux parlements.
La neutralité est un élément essentiel de notre identité et de notre prospérité, et c’est d’ailleurs à peu près la seule force de notre pays en matière de politique extérieure. L’adhésion de la Suisse à l’ONU nous coûte des millions chaque année, pour on ne sait trop quels résultats.
Une neutralité crédible permet en revanche à notre pays de jouer un rôle positif sur la scène internationale, offrant un endroit sûr pour que les Etats en guerre puissent se rencontrer et chercher des solutions pacifiques aux conflits. Les bons offices de la Suisse ont participé durant des décennies à la bonne image de notre pays dans le monde entier et permis la présence de nombreuses organisations internationales sur notre territoire, tandis que les gesticulations du sieur Cassis, empressé de faire des courbettes à nos grands voisins, ne nous ont attiré que l’inimitié de la Russie et, au mieux, le mépris de ceux à qui il voulait complaire.
De ce côté, le mal est fait et il faut maintenant rectifier le tir, ce que le Conseil fédéral ne semble pas enclin à faire. On se dirige plutôt vers un rapprochement avec l’OTAN, qui scellerait définitivement le sort de notre neutralité.
L’initiative pour la neutralité est salutaire et nous ne saurions en dire assez de bien. Lorsque le moment viendra, nous voterons OUI sans hésitation.
Michel Paschoud
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