«Wokisme» palinzard

La cancel culture ou culture de l’annulation, chère au wokisme-qui-n’existe-pas, consiste notamment à faire table rase du passé. Chaque fois qu’une personnalité respectée autrefois, et souvent morte depuis longtemps, est jugée coupable d’avoir pensé, écrit ou vécu selon des critères qui déplaisent aux lamentables «penseurs» d’aujourd’hui, ceux-ci réclament la disparition des statues, des plaques commémoratives ou des noms de places et de rues qui pourraient détourner le bon peuple de la correction politique.

C’est ce qui est arrivé récemment à Epalinges, où le Chemin Marcel Regamey (1905-1982) a été débaptisé en raison d’un unique article de La Nation – rédigé en 1932, alors qu’il avait vingt-sept ans –, qui tomberait sans aucun doute aujourd’hui sous le coup de l’article 261bis du code pénal1.

Inauguré en 1983, le minuscule Chemin Marcel Regamey, dédié à un «humaniste et patriote vaudois», avait déjà donné, en 2014, des boutons à un bel esprit de gauche ignorant, qui n’avait peut-être même pas lu le fameux texte antisémite. Faute de mieux, il avait obtenu de la Municipalité que soient effacés de la plaque les adjectifs «humaniste» et «patriote».

Voici ce qu’écrivit alors l’éditorialiste du Pamphlet2:

Que l'auteur du texte incriminé ait écrit quantité de livres et d'articles traitant de sujets politiques, culturels, économiques, philosophiques, théologiques sans aucun rapport avec les juifs; qu'il ait mené d'innombrables combats pour le bien du Pays de Vaud; qu'il ait été un homme respecté et admiré pour sa fidélité, son intégrité, son immense intelligence et sa vaste culture ne saurait évidemment empêcher un batracien pustuleux de déverser sa bave sur un homme de bien qui, de surcroît, n'est plus là pour se défendre. C'est désolant, mais ce n'est pas étonnant.

Il ne faut donc pas s’étonner qu’une émule socialiste du précédent ait obtenu, par le biais d’un postulat, que le Conseil communal d’Epalinges décide de retirer la plaque du chemin et d’envoyer Marcel Regamey dans les oubliettes de la commune, ce qui est chose faite depuis le 1er novembre.

Bêtise, ignorance et lâcheté sont apparemment les nouvelles «valeurs» des autorités palinzardes… et de bien d’autres.

M. P.

 

1 Lausanne Cités des mercredi et jeudi 16 et 17 octobre.

2 Le Pamphlet no 439, novembre 2014 http://www.pamphlet.ch/index.php?article_id=602.

Thèmes associés: Histoire - Politique vaudoise

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