Service civil et droits fondamentaux
Le service civil, qui permet aux authentiques objecteurs de conscience et à beaucoup d’autres jeunes Suisses aux motifs beaucoup moins nobles d’éviter l’armée, est devenu, comme il fallait s’y attendre, un problème considérable du fait que les conditions d’accès ont été facilitées au fil du temps. Réservé au départ aux jeunes gens qui pouvaient prouver que l’appartenance à l’armée créait pour eux un véritable conflit de conscience, il a fini par accueillir sans autre forme de procès tous ceux qui étaient décidés à accomplir un service 1,5 fois plus long et cent fois moins pénible que le service militaire.
La Confédération fournit ainsi à diverses institutions hospitalières, sociales et environnementales une main-d’œuvre sous-payée – sans que ce genre d’exploitation ne soulève la moindre indignation chez les défenseurs des travailleurs –, mais débordante de bonne conscience ou franchement rigolarde: les «civilistes» sont gentils ou malins, contrairement aux jeunes citoyens qui accomplissent leur devoir dans l’armée.
L’ennui, c’est que le nombre de jours accomplis par ces «civilistes» aurait passé de 11'500 en 1996, date de l’introduction du service civil, à 1,8 million en 2023, au détriment des effectifs de l’armée. On s’affole donc un peu à Berne1. La Commission de la sécurité du Conseil national voudrait qu’on réintroduise l’examen du conflit de conscience. Le Conseil fédéral, toujours combatif et imaginatif, s’oppose à cette idée, mais propose quelques mesurettes.
Par bonheur, un conseiller national socialiste jurassien se charge de la défense de la mauvaise cause et du discours à la fois creux et ronflant de rigueur:
La réintroduction de l’examen de conscience serait un recul massif et une restriction inadmissible des droits fondamentaux de ceux qui, pour des raisons éthiques, décident de ne pas faire de service militaire.
Personnellement, je trouve que le respect des droits fondamentaux de ceux qui décident pour une raison quelconque de ne pas faire de service militaire passe par le paiement de la taxe d’exemption, dont ils peuvent toujours gagner le montant en allant, pendant leur temps libre, tenir compagnie à des vieillards ou nettoyer des forêts, sans solde et sans compensation, mais contre due rétribution.
Refrain: il faut supprimer le service civil.
Mariette Paschoud
Thèmes associés: Armée - Politique fédérale
Cet article a été vu 103 fois