Démonstration de force

Le samedi 10 mai, quatre dirigeants européens, à savoir MM. Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et Donald Tusk, se sont rendus solennellement à Kiev pour «appeler Moscou à un cessez-le-feu “inconditionnel” de 30 jours»¹.

Pourquoi un Français, un Allemand, un Anglais, un Polonais et personne d’autre? Pourquoi pas de dames? Je suis sûre, pourtant, que Mme Ursula von der Leyen aurait volontiers figuré sur les photos qui ont immortalisé cette rencontre «historique».

Mais qu’on se rassure: les petits camarades n’ont pas été laissés entièrement de côté: une réunion virtuelle était prévue avec le menu fretin, à savoir les «pays occidentaux, essentiellement européens, prêts à apporter des “garanties de sécurité” à l’Ukraine», mais pas suffisamment importants pour être associés aux discussions et à l’ultimatum.

Fort bien. Mais était-il bien utile qu’un quatuor à l’ego surdimensionné fît, aux frais des contribuables, le voyage jusqu’à Kiev, alors que ses discussions avec le président Zelensky pouvaient avoir lieu, elles aussi, par téléconférence et que l’exigence d’un cessez-le-feu inconditionnel, assortie de menaces de nouvelles sanctions, ne nécessitait pas tant de chichis?

En réalité, selon toute probabilité, le but de l’opération consistait à accrocher bruyamment quelques wagons européens à la locomotive Trump – le président américain avait formulé le même ultimatum deux jours auparavant –, car M. Macron et ses compères craignent par-dessus tout de se voir écartés des négociations de paix à venir.

Depuis le temps que Vladimir Poutine peuple leurs cauchemars, ces messieurs devraient pourtant savoir que menacer le président russe est le plus sûr moyen de ne rien obtenir de sa part.

M. Poutine a décidé de ne pas assister aux négociations entre l’Ukraine et la Russie, qui ont été entamées en Turquie le 16 mai.

On se demande bien pourquoi!

M. P.

¹ https://www.20min.ch/fr/story/guerre-en-ukraine-macron-merz-starmer-tusk-samedi-a-kiev-103339870.