Editorial

            Comme nous l’avions prévu, le débat sur l’initiative «l’avortement est une affaire privée» – qui devrait porter sur l’opportunité de faire financer l’interruption de grossesse par l’assurance-maladie de base obligatoire et d’obliger, par conséquent, les adversaires du meurtre de l’enfant à naître à se rendre complices d’une opération qui heurte leurs convictions profondes –, est escamoté au profit d’une querelle sur le principe même de l’avortement. Et, bien entendu, tous les arguments que nous avions annoncés dans notre précédent numéro sont utilisés par les défenseurs du «droit de la femme à disposer de son ventre». Nous aurions préféré que nos prédictions subissent un démenti cinglant.

 

            Partant du principe que nos lecteurs comprennent du premier coup ce qu’on leur explique, nous leur épargnerons la répétition de nos récriminations pour nous occuper un peu de mauvaise foi. En effet, on ne peut défendre des causes indéfendables qu’en recourant à des subterfuges.

           

Les opposants déclarent que le nombre des avortements n’a pas augmenté depuis l’introduction de la solution des délais votée le 2 juin 2002. C’est parfaitement exact si l’on ne prend en compte que les avortements légaux recensés par l’Office fédéral de la statistique. Mais nos champions du «droit de choisir» et de la «solidarité» obligatoire oublient de préciser que, en octobre 2002, soit quatre mois après la votation, les autorités suisses ont autorisé la vente sans ordonnance de la «pilule du lendemain», hypocritement appelée «contraception d’urgence» alors qu’il s’agit d’un moyen abortif. Personne, évidemment, n’est en mesure de dire combien de vies ont été supprimées, en toute bonne conscience, par ce moyen. D’ailleurs, se prévaloir du fait que le nombre des avortements n’a pas augmenté pour rejeter une mesure visant, entre autres, à le faire diminuer est un contresens.

 

Qu’en est-il des autorités ecclésiastiques? Bien entendu, elles sont contre l’avortement, mais l’initiative ne leur paraît pas apporter une réponse adéquate. La Conférence des évêques suisses appelle de ses vœux un changement de perspective dans la société, mais sans lever le petit doigt pour que celui-ci se produise, et laisse courageusement à chaque citoyen le soin de se prononcer en son âme et conscience. C’est ce qu’on appelle des guides spirituels! La Fédération des Eglises protestantes de Suisse, elle, préconise des structures permettant aux femmes et aux couples en difficulté de garder l’enfant conçu. Mais son appui aux SOS Futures mères et à l’Aide suisse à la mère et à l’enfant reste d’une exquise discrétion. On se demande même si elle en a entendu parler.

 

Certes, l’initiative «l’avortement est une affaire privée» n’est pas la panacée et ne prétend d’ailleurs pas l’être. Et c’est finalement son principal défaut aux yeux des idéologues de toutes sortes, qui ne vivent que pour les solutions «globales» impliquant l’ensemble d’une société que l’on veut et croit «solidaire», mais qui en réalité ne l’est pas et ne le sera jamais.

 

Quant au sort des enfants concernés, vous l’aurez remarqué, il n’en est jamais question, sinon pour constater – ça s’est vu sur Facebook – que leur destruction ne mérite pas moins d’être remboursée par l’assurance-maladie que les frais occasionnés par un rhume de cerveau dû à une imprudence.

Ben voyons!

Le Pamphlet

Thèmes associés: Ethique - Politique fédérale

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