Editorial

Les résultats des votations du 9 février sur le financement et l’aménagement des infrastructures ferroviaires (FAIF), accepté par plus de 62% des votants, et sur l’initiative demandant la suppression du remboursement de l’avortement par l’assurance-maladie de base, rejetée par presque 70%, n’appellent pas beaucoup de commentaires. Tout au plus peut-on constater, dans le premier cas, que les citoyens approuvent un système qui fait passer à la caisse, outre la Confédération et les cantons, les automobilistes aussi bien que les usagers des chemins de fer, lesquels verront augmenter le prix du billet et diminuer la  déduction fiscale pour frais de transports qui leur était accordée; un compromis bien de chez nous, en somme. Quant à l’initiative «L’avortement est une affaire privée», elle était condamnée d’avance, puisque, d’entrée de cause, la campagne avait porté sur le principe même du triste «droit» à l’avortement et non sur la question de son financement, qui était pourtant le seul objet de la votation. Pour la petite histoire, on notera que la Fédération des médecins suisses (FMH) est enchantée du résultat. Nos bons docteurs craignaient-ils une diminution des interventions abortives? Il est vrai que le serment d’Hippocrate n’est qu’un ramassis de vieilleries désuètes qui, paraît-il, n’est même plus mentionné dans le code de déontologie de la FMH.

 

Quoi qu’il en soit, il s’est dégagé dans les deux cas une majorité claire qui autorise les commentateurs de service à  s’écrier en chœur: «Le peuple suisse accepte…» ou «Le peuple suisse rejette…», en dépit des 44% d’Helvètes en âge de voter qui ne se sont pas exprimés.

 

On ne peut pas en dire autant de l’initiative contre l’immigration de masse, puisque la différence entre les «vainqueurs» et les «vaincus» n’est que de 0,7%, ce qui est dérisoire et montre bien que les opposants à l’initiative n’étaient pas tous, tant s’en faut, des suppôts de l’«alliance entre la gauche et le grand patronat».

 

Bien entendu, nous n’allons pas remettre en cause le succès de l’UDC – pas plus que nous n’aurions admis que fût contesté le 6 décembre 1992 le rejet de l’adhésion à l’Espace économique  européen par 50,3% des votants également –, mais nous l’aurions souhaité plus net. En fait, l’auteur de ces lignes pense, tout bien considéré, que le résultat inverse aurait été préférable, puisqu’il aurait obligé les autorités et le monde économique à se pencher enfin sérieusement sur les préoccupations légitimes d’une grande partie de la population en matière d’immigration, sans qu’on risque pour autant de«jeter bébé avec l’eau du bain». Toutefois les vœux pies ne sont plus de saison.

 

Quoi qu’il en soit, nous ne nous faisons pas grand souci pour l’avenir. Les Suisses, disons-le en toute modestie, sont réalistes et industrieux, les chefs d’entreprise capables de s’adapter et de faire preuve d’imagination. Quant au mécontentement de l’Union européenne, il ne faut pas en surestimer l’importance. Le Conseil fédéral a trois ans pour renégocier les traités internationaux. Que sera dans trois ans une Union européenne qui, chaque jour, se lézarde davantage sous nos yeux ?

 

Le Pamphlet

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