En direct de Sirius

Une Chronique du choc des civilisations qui réveille

Aymeric Chauprade, auteur de l’ouvrage cité en intitulé, est une cassandre. Les politiciens et les commandants-en-chef de bureaux n’aiment pas les cassandres pour la propension qu’elles ont à exposer ce qu’il ne faudrait pas. C’est sans doute pourquoi, par petitesse descendue de haut lieu, il a été remercié de son poste de directeur du cours de géopolitique au Collège interarmées de défense (jadis, plus clairement nommé Ecole de Guerre) de Paris. Le fait n’est pas nouveau qu’au prétexte de la raison d’Etat, quand ça n’est pas, plus prosaïquement, pour protéger les intérêts de félons qu’ils dérangent, on s’acharne à bâillonner des analystes par trop indépendants. Dino Buzzati en avait assez subtilement évoqué le principe dans son Désert des Tartares lorsqu’était confisquée une paire de lunettes d’approche non réglementaires dont le grossissement excessif permettait d’observer ce qu’il ne fallait surtout pas voir venir. Adoptant la bonne échelle d’observation, Chauprade va chercher loin dans les millénaires l’explication logique d’événements récents de portée majeure. A ceux de nos lecteurs désireux de ne point mourir myopes, Max conseille cette remarquable chronique1 qui démontre avec une redoutable efficacité où en est l’Occident et à quoi de tristes petits maquignons politiques envisagent de livrer nos peuples anesthésiés. Ils pourront compléter utilement cette lecture par celle de l’excellent n° 32 de la revue Réfléchir & Agir (été 2009)2 qui donne à ce géopoliticien à longue vue l’occasion de s’expliquer sur sa disgrâce; mais aussi la parole à quelques autres de ces réprouvés de notre nouveau siècle... tous cassandres... En instance de goulag?

Vingt sur vingt pour un zéro (troisième partie)

Quelques jours après la parution du n° 386 du Pamphlet, Max a hérité d’un défunt diplomate certains documents confirmant la plausibilité de l’hypothèse des vols «fantômes». Ils attestent de manière irréfutable qu’aux Etats-Unis, à l’époque de la guerre froide (plus particulièrement durant la crise de Cuba de 1962) et sous la responsabilité directe du secrétaire d’Etat à la défense Robert McNamara, un certain nombre de provocations avaient été étudiées afin de mettre en délicatesse le régime de Castro. L’une d’elles consistait à substituer à un vol «civil», dûment rempli de comparses, une doublure radioguidée que l’on aurait envoyée s’éparpiller en un endroit quelconque du territoire américain cependant que son modèle, passé au-dessous de la zone de couverture radar, se serait posé discrètement sur un aérodrome secret. Convaincre de l’évidence d’un attentat castriste une opinion publique dûment mise en condition n’aurait plus alors été qu’un simple jeu d’enfant.

Dans la foulée de l’UBS (toujours la main prise dans le hachoir à viande)

Trahissant au passage, sans états d’âme, la confiance de sa clientèle privée étrangère, la banque susnommée, par sa servile reconversion en auxiliaire fiscal au service de l’étranger (aussi), a provoqué un fameux courant d’air. Et donc, emboîtant le pas aux vertueux Etats-uniens, certain ministre voisin entreprend de monter à l’assaut de nos coffres, tout cocoricant, flamberge au vent et brandissant gonfanon portant en lettres de feu que les quelque trois mille évadés fiscaux potentiels (dont il assure détenir les noms) n’ont qu’à bien se tenir en cas de refus d’obtempérer à l’injonction de réamorcer la pompe à phynances de leur Mère patrie. Tartarinade reprise sur les ondes officielles en trémolos patriotiques sur les binious de Sainte Transparence. Antienne que la Teutonne du nord, en grand déficit de popularité, s’apprête à adapter à ses ouailles itou...

Max en informe son ami Lenaïf, concitoyen du preux, que la nouvelle consterne:

«Mon Dieu! Mais que va-t-il advenir de tous ces zélés serviteurs de l’Etat et autres fils de p........s3 (bien d’chez nous) qui comptaient tant, les pauvres, pour arrondir leurs retraites, sur leurs matelas déposés en vos voûtes? Ah! Pour sûr que c’est grand malheur de voir ça...»

Max n’a pas eu le courage de rassurer son bon ami. Tout va très bien, farceurs, dormez en paix... Il n’y a que les braves gens industrieux qui aient quelques raisons de s’inquiéter!

Pollution à l’usage intensif des bêtes à manger du son

Aussitôt qu’il reçoit la Nation et toute affaire cessante, Max va se divertir au coin qu’occupe, tapi en embuscade en fin fond de quatrième page, le Ronchon. Ce perspicace manie la mauvaise humeur avec une réjouissante dextérité. Ainsi s’irritait-il récemment de ces fonds sonores, très approximativement musicaux, que l’on sert d’autorité, en tout lieu et à tout propos, aux consommateurs captifs et impuissants (les oreilles n’ayant pas de paupières). Ces épandages de sons, qui mettent, avec une belle indifférence et dans un méritoire brassage multiculturel (ci-après, par ordre analphabétique) MM. Akhenaton4, Mozart (en arrangements) et Clayderman à la portée des caniches, alternant les vagissements d’hôtesses d’accueil pâmées, les guimauves-de-mon-cœur et les martellements syncopés de tapissiers-cloutiers, ont cependant, pour les sots, des mérites: ils rendent l’encéphale optionnel, facultative la pensée et impossibles les échanges d’idées.

Encore un petite poussée de décibels et, sous peu, dans les lieux publics, au milieu des zombies, dans le calme sidéral des grands vides cérébraux, on ne verra plus converser ensemble que les mains des sourds-muets.

Max l’Impertinent

1 Editions Chronique-Dargaud SA, 44 rue du Président Wilson, F-24000 Périgueux, ISBN 978-2205-06220-5.

2 Réfléchir & Agir Magazine, BP 80432, F-31004 Toulouse Cedex 6.

3 Huit petits points... pas trois!

4 Le rappeur, bien sûr... pas l’hérétique!

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