En direct de Sirius

Refus de «Dieudonner»?

Aux dernières nouvelles, l'humoriste presque homonyme du titre, dont les jours au théâtre parisien de La Main d'Or semblent comptés, a vu se dérober la possibilité de monter sur d'autres planches dans un autre théâtre, en région parisienne, pour lequel je ne ferai évidemment pas de publicité. Donc pas de Dieudonné ailleurs… ou le Diable interdit de Seine et de Seine-Saint-Denis? Un gag tout indiqué pour l'intéressé… interdit de scène, aussi, bien sûr. Pas d'absolution donc, pour notre Amalek distributeur de quenelles. On n'ose imaginer que ce soit le fait d'émules de ceux qui, à la fin des années vingt, avaient contraint Henry Ford à renier les opinions exprimées dans son journal The Dearborn Independent, sous peine de ne plus vendre aucun véhicule et de voir ainsi ses ouvriers réduits au chômage. Il est vrai qu'à bien analyser ses spectacles, Monsieur M'bala-M'bala partage avec Ford la particularité d'être un pacifiste… ce qui est toujours très mal porté lorsqu'aux cris pour la paix on préfère entendre traîner les sabres.

Rien à dire sur le forcing des immigrants…

… puisque d'autres ont choisi le thème dans ce numéro, sauf conseiller à ceux de mes compatriotes qui ont encore chez eux leur arme d'ordonnance de bien l'entretenir et de travailler leur tir… au cas où les digues céderaient ailleurs. Car il me semble avoir noté un fléchissement de la garde aux frontières chez nos amis européens du Sud, des Carpates et des Balkans. Mais chacun sait que cela fait  plus de vingt ans que nous avons, chez nous, fait et refait les exercices qu'il faut pour peaufiner notre réaction. Pas de surprises à attendre, ou si peu; pas de trahisons non plus. Les accords de Schengen ne sont qu'un mauvais rêve: tout est sous contrôle.

J'épure… parfois

J'ai récemment fâché tout rouge une amie, parce qu'il lui a déplu que je fustige un faiseur de faux départs. Sur fond d'hormones déchaînées, je fus victime de comparaisons qui m'étaient à vrai dire indifférentes car il manquait au catalogue la seule qui m'importait: à la différence de son protégé, je ne pratique pas le «retenez-moi-zou». J'ai le doigt ferme et précis sur la détente et je suis peu prodigue de menaces, car je les tiens. C'est héréditaire. C'est pourquoi rares sont les restaurants où je ne saurais retourner et je ne compte qu'une démission dans mon CV. Il est vrai qu'à regret j'exécute parfois… dans mon carnet d'adresses.

C'est vrai que Mozart n'était pas un modèle de rectitude, que Vigny était un délateur, que Wagner était un peu maquereau, que Rebatet était fondé à trouver Honegger prétentieux¹, qu'il n'y a pas de grand homme pour son valet de pied… et qu'il est sot de juger les créateurs sur leur seul comportement. Mais les faiseurs me causent de l'allergie, surtout s'ils sont bruyants.

Un inconnu célèbre: Valentin Conrart (1603-1675)

Vous ne le connaissez pas? Et pourtant que de fois par jour entendez-vous son silence. Ils sont si nombreux, ces braves gens qui adoptent «de Conrart le silence prudent»… un silence que l'on entend partout… en particulier dans notre Europe à la population frileuse, vieillissante et croulante, plus encline à monter aux dialogues byzantins qu'aux barricades. On couine beaucoup, on s'indigne et l'on va même jusqu'à s'insurger, parfois, mais devant la télé et dans ses charentaises. En public, en revanche… Dans nos démocraties, on répugne à libérer son expression… On préfère agir comme Conrart.

Un voyage sur le Oueb (Oui-qui?!-Pédia) vous confirmera que le premier secrétaire perpétuel de l'Académie Française «n'a publié de son vivant aucun écrit notable» et, semble-t-il, assez peu de choses «de sa mort».

Moyennant quoi cet Immortel est demeuré inamovible à la tête de la grande institution, soucieux de ne pas causer d'incident notable… sauf à avoir fourni un bref motif d'inspiration à Nicolas Boileau («J'imite de Conrart le silence prudent» – ‰pître première), atteignant, ce faisant, une immortalité seconde un peu plus définitive que la première.

Max l'Impertinent

¹ Arthur… pas Denis.